
Si moins de la moitié des gérants ont investi cette année ou envisagent de le faire dans les dernières semaines de 2022, il s’agirait d’une stabilisation après une période d’investissement extraordinaire et non d’une course à l’abîme. “Les perspectives pour 2023 sont une petite récession légère, puis une reprise, rassure-t-il. J’aimerais en voir la preuve dans la valorisation des sociétés non cotées, qui continue de monter.” L’ancien patron de Wanadoo s’attend à un “ajustement technique”, mais pas de crash en vue. “La base de l’économie française est bonne”, assure-t-il avec assurance.
Pour établir de telles prévisions, Nicolas Dufourcq s’appuie sur de nombreux capteurs : sur le seul premier semestre 2022, sa banque a injecté 25 milliards d’euros dans l’économie. Et il suit comme du lait au feu les prêts garantis par l’État (PGE), qu’il a mis en place pendant la crise du Covid. Certes, “on pointe 2.000 demandes de garanties par mois depuis avril”, du fait d’entreprises incapables de rembourser, mais il n’y a “pas d’accélération, le nombre est constant”. Il exclut donc tout danger de débâcle financière : “Le risque de “palme” pour les banques est très faible”. ils sont satisfaits sur ce front.
Le patron de la banque publique, qui a revu le mandat de François Hollande puis du premier quinquennat Macron, décrit donc les PME et TPE qui résistent et se défendent. Et promet de nouvelles mesures pour les renforcer. Sur la transition climatique, il s’est engagé dans l’accompagnement “de masse” de 20.000 entreprises, “en faisant physiquement du porte-à-porte, car ce n’est pas par e-mail ou slides qu’on arrive à mettre un chef d’entreprise en transition”.
offensive industrielle
Sur le front industriel, qu’il qualifie d’essentiel depuis son livre La désindustrialisation de la France (Odile Jacob), il est d’accord avec la promesse du président de construire 100 usines par an d’ici 2030. Un discours offensant servi par des formules chocs. “Notre rôle est d’être l’éditeur d’un entrepreneur. Il nous apporte son scénario, nous le travaillons, nous le publions et nous le faisons réussir, le lançons qui prolifère dans les médias pour mieux faire connaître les actions de Bpifrance. Au service de Les entrepreneurs sont l’avenir : pour cela, ils ont besoin d’un brin de folie et d’un tableur Excel dans la tête.” Enthousiaste, le patron de Bpi-France n’hésite pas à donner quelques coups de griffe. Dans cette mobilisation générale qui sonne une cloche dans la bouche, il rejette l’opposition des jeunes candidats.
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Il ne comprend pas les arguments des étudiants de la dernière promotion de l’école Agro ParisTech, qui, soucieux pour la planète, refusent de mettre leur diplôme d’ingénieur au service de “l’innovation et des start-up qui ne sauveront que le capitalisme”. Une hérésie pour l’énarque qui a débuté à l’Autorité danoise de surveillance financière en 1988. “Les défis auxquels nous devons faire face vont exiger une énorme quantité d’intelligence, une énorme quantité de travail et d’être particulièrement combatif, réplique- Ils vont demander une bouffée d’énergie, comme on n’en a probablement pas vu depuis l’après-guerre. Venise, repli ou division. Même, qui ces dernières années s’est montré intéressé par la gestion d’Orange et d’Air France, jure qu’il n’a plus l’intention de se diversifier. Il installe son camp à la tête de Bpifrance : “Je suis un mec en mission et il y en a une.” Cela va probablement continuer.