
Sans surprise, les autorités de concurrence de la Commission européenne se sont donné 90 jours ouvrables, jusqu’au 19 avril 2023, pour se prononcer sur le rachat de Lagardère par le groupe Vivendi.
Suite à une OPA lancée en février 2022 et notifiée à la Commission le 24 octobre, le groupe de Vincent Bolloré – notamment le propriétaire d’Editis, le numéro deux français de l’édition (Robert Laffont, Julliard, Plon, 10/18, La Découverte, Nathan, etc. – détient 57,3% des actions (et 47,3% des droits de vote) du groupe Lagardère – maison mère de Hachette Livre, leader français de l’édition (Grasset, Fayard, Stock, Le Livre de poche, Les Editions Albert René , etc.) .et numéro trois mondial dans ce secteur.
La Commission européenne a ouvert une enquête approfondie car elle craint “que l’acquisition proposée réduira la concurrence sur un certain nombre de marchés à travers la chaîne de valeur comptable” et en publiant des magazines “folk” (avec Paris-Match de Lagardère, Gala et Voici chez Vivendi).
La peur de la concentration du capital
Selon l’enquête préliminaire menée par la Commission, cette prise de contrôle “susceptible de réduire sensiblement la concurrence sur les marchés de l’achat des droits d’auteur sur les livres de langue française, de la distribution et de la commercialisation des livres de langue française, ainsi que de la vente de livres de langue française aux détaillants français”. La Commission craint qu’en acquérant Lagardère, “Vivendi sera le premier acteur du secteur de l’édition de livres francophones, ainsi que le plus important groupe intégré présent sur ce marché”.
L’historien de l’édition Jean-Yves Mollier met également en garde contre “une concentration capitaliste, entre oligopole et monopole, avec une part de marché telle qu’Hachette écrase la concurrence”, tels que Madrigall ou Media Participations.
La Commission craint que l’opération “ne réduit pas la diversité, l’accessibilité et l’abordabilité des livres de langue française”. De plus, les concurrents d’Hachette pourraient être « privés de sources de revenus indispensables pour soutenir leurs activités du fait de la publication des auteurs à succès ». Ils courent également le risque de n’avoir que“un accès limité aux services essentiels pour la commercialisation et la distribution de leurs livres”tandis que « libraires et lecteurs [pourraient être] confrontés respectivement à la baisse des marges et à la hausse des prix”.
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