
Biden et Macron veulent “se synchroniser” sur le climat
Après plusieurs semaines de tension entre les Etats-Unis et l’Europe sur les conséquences du grand plan climat de Joe Biden, les deux chefs d’Etat ont cherché jeudi à calmer le jeu.

Le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 1er décembre 2022.
AFP
“Nous avons convenu de discuter des moyens pratiques de synchroniser nos approches pour renforcer la chaîne d’approvisionnement, la fabrication et l’innovation des deux côtés de l’Atlantique”, a déclaré jeudi le président américain lors d’un point de presse conjoint à la Maison Blanche. Une position reprise par le président français, qui a assuré que les deux partenaires allaient “synchroniser (leurs) approches et (leurs) agendas pour investir dans de nouvelles industries critiques comme les semi-conducteurs, l’hydrogène, les batteries”.
Les tensions étaient montées entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis après le vote cet été par le Congrès américain du plan climat de Joe Biden, qui prévoit des investissements de 420 milliards de dollars (près de 394 milliards de francs), dont une grande partie sous forme de subventions. et des réductions d’impôts, notamment pour les voitures électriques, les batteries et les projets d’énergies renouvelables qui promeuvent le “made in USA”.
Ce plan a fait bondir Bruxelles et les capitales européennes, qui voient dans ces différentes subventions des mesures “discriminatoires” et “contraires aux règles de l’Organisation mondiale du commerce”. Un ton “offensif” jugé “indispensable” par l’entourage du président français, les Américains n’avaient “absolument aucune conscience” que ces investissements risquaient de fragiliser l’industrie européenne. “Ils se rendent compte que ça peut toucher l’industrie européenne, et ce n’est pas du tout leur but”, a déclaré la même source, qui veut désormais croire à une “vraie prise de conscience au sommet de l’industrie de l’Etat américain”.
Lors de la conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron jeudi, le président Biden a démenti vouloir que les créations d’emplois espérées aux Etats-Unis par ces investissements se fassent “aux dépens de l’Europe”. “Les Etats-Unis n’ont pas besoin de s’excuser pour la législation à laquelle vous faites référence”, a-t-il toutefois répondu à une question qui faisait plutôt apparaître des “défauts” dans le texte de loi qu’il fallait corriger.
Peu de développement à prévoir
“Le principe de ce texte est de faire en sorte que les Etats-Unis – et j’espère que l’Europe pourra faire de même – n’auront plus à dépendre de personne pour s’approvisionner”, a expliqué Joe Biden. Pour le président américain, la pandémie a souligné la dépendance de l’économie américaine vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement en provenance d’Asie, une dépendance que son plan vise également à réduire.
Pour Emmanuel Macron, l’Europe doit “aller plus vite et plus fort” pour avoir “la même ambition industrielle” que Washington. “Nous voulons réussir ensemble, pas les uns contre les autres”, a-t-il insisté. “Il faut une réponse européenne. L’Europe doit secouer ses jetons”, soutient-on dans l’entourage du président.
Américains et Européens tentent de concilier leurs positions sur le sujet, mais il y a peu de chances que les États-Unis touchent à un texte très populaire dans certains États, désormais considérés comme des États clés, qui se veut l’un des marqueurs du mandat de le président démocrate, surtout quand il a été gagné dans une bataille acharnée.
De plus, le démocrate de 80 ans n’aura plus sa majorité à la Chambre des représentants à partir de janvier, résultat de l’élection de début novembre, ce qui rend d’autant plus risquée toute tentative de faire changer la loi, alors que les républicains ont dénoncé le coût du plan et rejeter les objectifs climatiques qui y sont associés.
“Travailler ensemble”
Après un échange lundi avec le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, l’ambassadrice américaine au Commerce Katherine Tai a rappelé la volonté de “travailler ensemble pour renforcer la compréhension mutuelle des législations”.
Katherine Tai, le ministre des Affaires étrangères Antony Blinken et la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo rencontreront lundi le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis et Margrethe Vestager dans la banlieue de Washington dans le cadre du Conseil ministériel du commerce et de la technologie (TCC) entre les États-Unis et la UE.
Le TCC a été lancé à la mi-juin 2021 pour, selon le site Internet du département américain du Commerce, introduire des politiques communes en matière de commerce et de nouvelles technologies pour “renforcer la compétitivité de l’économie transatlantique”.
AFP
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